Mais... où suis-je ?

Le Barde dans la Machine écrit pour vous des élucubrations sur les mondes imaginaires. Pour faciliter vos choix de lectures, les publications sont regroupées en thèmes :

"Récits", des nouvelles (entières ou par épisodes) qui parlent de SF et de Fantasy. Les récits les plus longs sont publiés par épisodes, puis compilés.
"Contes de la Marche", qui regroupe des récits de Fantasy se déroulant un même univers.
"Lubies", des textes plus courts sur des sujets aléatoires.
"Bouquins", où je vous narre et critique mes derniers lectures.
"Carnets", de brèves observations ou impressions, en quelques paragraphes.

Dans la Toile du Temps

Dans la Toile du Temps

Une porte claque, et le bruit vous arrache à un rêve de rues désertes et de travail à domicile. Vous revenez à la réalité : les coursives métalliques, la lumière bleutée de la passerelle, la vibration infrasonique des machines du Barde de l’Espace, et surtout, derrière les épaisses vitres de verre nanotechnologique, la nuit infinie semée de plus d’étoiles qu’il y a de grains de sable dans la mer.

Le commandant vous tourne le dos ; lui aussi contemple ce spectacle majestueux.

— On ne s’en lasse pas, vous savez. Après des décennies à barouder dans l’espace, je continue d’apprécier la vue avec le même émerveillement que le premier jour, quand j’étais un simple matelot.

Vous remarquez un verre de Porto dans sa main gauche, qu’il dissimule de son mieux dans la manche de son uniforme de la fédération spatiale. Il se tourne vers vous, suit votre regard et tousse d’un air gêné.

— Quand on embrasse du regard un panorama aussi immense, on se demande toujours sur quels mondes étranges passe notre regard, lequel de ces petits points lumineux fait orbiter une planète comparable à la nôtre… Vertigineux, non ? Ça nous ramène à notre humble condition de primates à peine savants. Mais passons. Aujourd’hui, je voudrais plutôt vous parler d’araignées, et d’humains.

Vous remarquez alors, posé près des écrans de contrôle, anachronique dans sa couverture de carton, un livre de l’époque pré-spatiale : « Dans la toile du temps », d’Adrian Tchaikovski.


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Un aperçu du récit

Dans un lointain avenir.

Avrana Kern, scientifique renommée et autoritaire, met la dernière main à son projet de terraformation, indifférente aux rumeurs inquiétantes qui grondent sur Terre, à l’autre bout de la galaxie. Sur la planète stérile autour de laquelle tourne la station orbitale, ses équipes ont créé une atmosphère, fait pousser une flore terrestre, puis elles y ont implanté des espèces animales terrestres. Mais au moment d’y placer les primates dont l’évolution vers l’intelligence doit couronner le Grand Oeuvre de la scientifique, les remous politiques de la terre viennent les rattraper.

Plus tard, dans un avenir encore plus lointain. La guerre anti-technologique et les conflits internes ont détruit la civilisation humaine, éradiquant sa présence fragile de tous ses avant-postes spatiaux. Ses héritiers terriens, après un long hiver, redécouvrent progressivement la technologie de leurs prédécesseurs, mais ce faisant ils remettent en route les processus destructeurs qui avaient empoisonné la terre, scellant ainsi leur destin. Dans un dernier sursaut, ils expédient dans l’espace de grands vaisseaux remplis d’humains en hibernation artificielle, dans l’espoir de trouver un monde habitable où l’espèce humaine puisse se perpétuer. Le Gilgamesh est peut-être le dernier d’entre eux, et il se dirige droit vers le monde de Kern.

Sur la planète en question, en parallèle avec ce voyage spatial qui dure des millénaires, une espèce d’araignée chasseresse, « Portia Labiata », entame son essor vers l’intelligence, stimulée dans son évolution par les dispositifs que le professeur Kern avait prévus initialement pour ses primates.

Le livre nous conte, par sauts successifs dans le temps, les épisodes de l’aventure spatiale des humains du Gilgamesh, et de l’aventure planétaire des araignées, jusqu’au moment inévitable de leur rencontre. Quelle espèce restera maître du Monde de Kern, précieuse oasis de vie dans un univers vide et froid ?

Humains et araignées, deux trajectoires qui se croisent

Construit en chapitres alternés, le livre met en scène tantôt Mason Holsten, linguiste traducteur embarqué sur le Gilgamesh, lors de ses réveils successifs d’hibernation lors d’épisodes critiques de l’odyssée du Gilgamesh, et tantôt des araignées.

Ces dernières portent toujours des prénoms similaires : Portia pour l’héroïne, porte-drapeau de son espèce ; Bianca, en général une savante ou scientifique, souvent marginale ou anticonformiste ; et Fabian, le petit mâle fragile (comme tous les siens chez les araignées) mais parfois précieux.

L’humanité suit une pente descendante : tombée de son piédestal car l’« Ancien Empire » est loin d’être égalé par ses derniers héritiers, elle est aux abois, à la recherche d’une monde refuge. Et le Gilgamesh lui-même doit faire face à la dégradation progressive de ses équipements, à l’épuisement de ses ressources, et aux profonds changements qui affectent l’équipage lui-même, de plus en plus désespéré, tenté par la violence.

De l’autre côté, les araignées connaissent des débuts modestes, mais leur progression les mène de découvertes en découvertes, jusqu’à prendre conscience avec surprise de leur propre place dans l’univers, et à se tourner vers leur propre créateur dans un geste digne du plafond de la chapelle Sixtine.

Le croisement de ces deux trajectoires promet d’être le point culminant de ce récit.

Etrangeté à huit pattes

Une grande partie du livre est consacrée à nous narrer les épisodes principaux de l’ascension des araignées.

Difficile d’imaginer une espèce plus fondamentalement différente de l’humanité. D’ordinaire, les livres mettant en scène des araignées géantes et intelligentes se gardent bien de présenter leur intériorité, privilégiant la perspective du monstre. C’est le cas par exemple des créatures des forêts ou des tunnels dans les livres de Tolkien, prédateurs à l’intelligence limitée, et à la malveillance sans bornes. On les retrouve souvent en ennemis idéaux dans les récits de SF Pulp, en général du mauvais côté des tirs de laser. Quand on les détruit, leurs corps inhumains produisent une pulpe dégoûtante qui ne cause aucune culpabilité chez le lecteur.

Tchaikovsky a relevé le défi d’en faire d’authentiques protagonistes, d’inciter le lecteur à se réjouir de leurs succès, à vibrer dans leurs épreuves. Pour cela, il n’a pas choisi la voie la plus facile, qui aurait consisté à faire penser et agir les araignées de la même manière que des humains. En permanence, il s’attache à faire ressentir au lecteur, à la fois l’intelligence fondamentale qui les anime, mais aussi leur étrangeté irréductible. Celle-ci se manifeste de multiples manières.

Dans leur manière de se comporter entre elles : leur société rassemble des prédateurs, capables de se lier pour chasser et entreprendre, mais toujours tentés par l’action solitaire. Si les modifications induites en elles les ont rendues plus sociables, elles gardent aussi des réflexes d’une ancienne violence. C’est particulièrement visible dans le rapport des femelles dominantes socialement, plus puissantes physiquement, avec les mâles qui vivent par la flatterie et le service, mais sont systématiquement rabaissés, et à la merci d’une impulsion de cannibalisme lors d’un rapport sexuel.

Leur manière de penser est elle aussi différente, même si plus difficile à faire ressentir. Tisseuses de toiles, elles pensent par connexion, en termes d’intégration plutôt que de destruction ; la construction en spirale leur semble naturelle et évidente. Leurs préconceptions sont aussi une manière pour l’auteur de souligner celles de l’humanité, que l’on confond trop facilement avec des normes universelles. Chasseresses, elles excellent dans l’élaboration de plans ; grimpeuses, elles sont à l’aise dans les trois dimensions, ce qui peut présenter de l’intérêt pour se déplacer dans l’espace.

Même leur langage, basé sur les vibrations et les gestes bien plus que sur les sons, diffère fondamentalement des critères humains. Ces araignées incarnent un autre à la fois familier dans nos jardins, et complètement étranger dans les formes de son intelligence.

Technologie alternative

L’altérité s’exprime aussi dans la civilisation technologique très particulière que développent les insectes. Leurs premiers outils ne sont pas des pierres, mais les toiles qu’elles sécrètent naturellement, et dont elles continuent de faire leur habitat.

Une grande partie de leur technologie est basée sur la biochimie : capables de produire et analyser des phéromones, les araignées sont bien moins à l’aise avec les dispositifs purement mécaniques ou électriques. Par contre elles savent produire des tissus musculaires à usage spécialisé et des substances d’une haute complexité.

L’apprivoisement des fourmis (ou leur soumission) représente la plus grande réussite du peuple araignée. Ces insectes, faciles à discipliner une fois que l’on contrôle leur système de transmission, fournissent une capacité de travail et de production quasiment illimitées. Mieux encore, il est possible de « programmer » une colonie de fourmis, non pas pour produire des biens matériels, mais pour traiter des données en masse. Les ordinateurs locaux sont formés de galeries et de petits insectes à six pattes…

Cette différence cause d’amusants malentendus quand les araignées commencent leurs échanges techniques avec le satellite d’Avrana Kern, avant qu’elle ne réalise à qui elle parle. Tous ses conseils et ses instructions s’adressent à des simiens évolués, pratiquant la mécanique, là où les araignées emploient des techniques radicalement autres ; même leur système de coordonnées, qu’elles utilisent pour coder des images, suit un motif de spirale comme dans leur toiles, et non pas des lignes horizontales ou verticales comme dans nos livres. Kern a du mal à comprendre pourquoi il est si difficile de se communiquer, et pourquoi des choses simples pour elle leur sont si difficiles à appréhender.

Générations

Du côté des humains, l’histoire est avant tout une aventure d’exploration spatiale, et si les personnages sont récurrents, c’est tout simplement parce qu’entre deux épisodes, espacés parfois de siècles ou de milliers d’années, ils sont retournés en hibernation artificielle.

Les choses se compliquent progressivement, au fur et à mesure que les incidents de parcours demandent de réveiller certains membres de l’équipage plutôt que d’autres, tandis que la « cargaison », des milliers de personnes appelées à coloniser un autre monde, continue de dormir inconsciente des dangers qui l’entourent.

Le héros, ou du mois celui dont nous partageons le point de vue, est présent lors du premier réveil de l’équipage, à l’approche du Monde de Kern et de son satellite gardien : ses talents de linguiste permettront de communiquer dans la langue ancienne qu’utilisait Avrana Kern. Il se noue aussi une histoire d’amour entre lui et une femme qui elle aussi participera aux réveils successifs de l’équipage. Mais les nécessités du voyage feront que l’un d’entre eux, contraint de passer plus de temps éveillé, vieillira plus vite que l’autre…

Parfois Mason se réveille et ne reconnait personne, il trouve le vaisseau dans un état de transformation qui l’alarme. Tchaikovsky faire ainsi partager au lecteur l’ahurissement de celui qui a manqué les derniers siècles de l’intrigue.

Une histoire à trois vitesses, trois temporalités, se met en place : d’un côté les passagers qui restent endormis ; de l’autre les membres d’équipage qui s’éveillent ponctuellement pour faire face aux crises, et dont certains doivent affronter un vieillissement de plus en plus menaçant ; et enfin, une population de techniciens non prévue au départ, qui nait, se reproduit et meurt dans le vaisseau, pour répondre à un besoin de réparation face auquel les machines ne suffisent plus.

Il y avait beaucoup à dire et à imaginer sur cette idée de vaisseaux spatiaux et de cargaisons embarquées, figées dans le temps jusqu’à l’arrivée et le réveil. Tchaikovsky est un de ceux qui l’ont le mieux traitée à ma connaissance. Le plus touchant est sans doute l’histoire d’amour vécue en pointillé, de réveils brutaux en crises, entre deux personnages que le passage du temps écarte l’un de l’autre.

Fusion de l’humain et de la machine

Les humains semblent fascinés par l’idée de se fondre dans leurs ordinateurs. C’est le destin plus subi qu’accepté d’Avrana Kern, seule en hibernation en compagnie de ses systèmes intelligents dans un satellite pendant des millénaires, dont les fonctions cérébrales sont prises en charge en proportion croissante par les machines intelligentes qui la maintiennent en vie, brouillant la limite entre le biologique et l’électronique. Les troubles de la personnalité qui en résultent sont spectaculaires.

C’est aussi le projet dément du commandant Guyen à bord du Gilgamesh, contraint à des phases d’éveil trop longues pour voir la fin de son projet, qui veut prolonger sa propre existence à travers les systèmes du vaisseau pour pouvoir continuer sa mission. À moins que ce soit juste un désir d’immortalité qui risque de déstabiliser gravement toute l’intelligence embarquée du Gilgamesh. Après lui, d’autres de ses héritiers partageront la même ambition, ou la même folie.

L’aspiration des humains à une forme de vie mécanique, électronique et éternelle contraste avec la culture organique et biochimique des araignées. Ces dernières ont des vies plus courtes que celles des humains, mais elles ont trouvé d’autres moyens, les Savoirs, de perpétuer les acquis de leur espèce, d’atteindre l’immortalité de l’esprit qui est l’enjeu de cette lutte, plus encore que la perpétuation biologique de l’espèce.

Une histoire de fin du monde

Le versant humain de ce récit donne l’occasion à l’auteur d’emprunter quelques thèmes classiques du post-apocalyptique ; l’allusion à Gilgamesh est peut-être un clin d’oeil aux érudits, puisqu’à la fin de cette épopée mésopotamienne, le héros rapporte à son peupe le récit du Déluge et de la fin d’un monde.

Ici, l’apocalypse est tout à la fois celle de la civilisation humaine précédente, dont les habitants du Gilgamesh sont héritiers encore immatures ; celle de la Terre qu’ils habitaient et dont l’agonie les oblige à partir ; et celle qui menace la société des humains vivant à bord du vaisseau, au cours de son odyssée spatiale.

La régression sociale des techniciens vers le tribalisme évoque ainsi l’effondrement des sociétés après une catastrophe. Elle s’accompagne d’une attitude religieuse vis-a-vis de la technologie, que ce soit l’héritage laissé par l’ancien empire ou bien les systèmes du Gilgamesh que l’on ne maitrise plus très bien. Pour les connaisseurs, cette ambiance évoquera « Un Cantique pour Leibowitz », chef d’œuvre du genre. Dans les phases les plus sombres, les survivants sont réduits à récupérer des artefacts technologiques et à les bricoler ou les réutiliser sans comprendre leur fonction première, barbares dans les coursives d’un vaisseau de haute technologie. Leur transformation pourrait bien être biologique aussi, tant la surprise (et le dégoût) d’Avrana Kern sont frappants lors de sa rencontre avec l’équipage du Gilgamesh.

Miroir de l’humanité

De façon ironique, en miroir des humains, les araignées connaissent elles aussi l’apparition d’une pensée religieuse avec le culte de la Messagère, voué au satellite qui leur diffuse, en manière de tests, des énigmes mathématiques.

Leur société évolue aussi ; les mâles luttent pour leurs droits, dans une situation qui forme un reflet inversé de la société des humains – le cannibalisme mis à part, et encore… Certaines situations font sourire, mais elles mettent en scène avec talent la force du préjugé et l’universalité de l’oppression.

Deus ex-virus

Hum, il y avait surement une déclinaison latine à trouver dans ce titre mais la rime aurait été perdue.

L’agent principal de l’évolution accélérée des araignées est un virus, mais pas n’importe lequel. Les propriétés de ce « nanovirus » mis au point dans les labos d’Avrana Kern, sont vraiment hors du commun, puisqu’il est capable tout à la fois d’activer les mutations de l’espèce favorables au développement de l’intelligence, mais aussi de promouvoir une forme d’empathie propice à la coopération au sein de l’espèce. Il rend les araignées capables de se transmettre et d’échanger des « savoirs », des éléments de connaissance ou de savoir-faire sous forme biologique et modulaire, qui compensent la taille toujours un peu trop réduite de leurs cerveaux et permettent de faire l’économie d’un système d’enseignement.

J’ai eu l’impression que ce virus était fait depuis le début pour les araignées. Il n’a pas été inoculé aux primates initialement sélectionnés pour régner sur ce monde, mais répandu dans l’environnement, donnant ainsi à chaque espèce l’opportunité de tenter sa chance. D’ailleurs, et pour une raison qui m’échappe, la mort des primates censés dominer ce monde n’a créé aucune opportunité pour les nombreux mammifères qui y vivent. Cette lacune n’est pas expliquée, et je crois imaginer pourquoi : l’auteur avait un autre projet, dont les araignées devaient occuper la place centrale. De temps à autre, ce virus bien pratique et pas très vraisemblable gêne aux entournures, mais j’ai réussi à en faire abstraction la plupart du temps.

Style et suspens

Si on prend des lunettes de soudeur et que l’on s’efforce de disséquer ce qui fait la qualité de « Dans la toile du temps », on ne parlerait sans doute pas beaucoup du style. Je n’ai rien à lui reprocher, mais il ne sort pas particulièrement de l’ordinaire – j’écris cela avec précaution, car il est hasardeux de se faire une idée sur la base d’une traduction.

Les personnages sont plus intéressants. Sans être excessivement fouillés, les humains du Gilgamesh tracent un arc narratif particulièrement ample par la période de temps qu’il couvre, et assez original par sa forme particulièrement discontinue : quelques jours d’éveil entre des siècles d’hibernation.

Mais surtout, le roman agrippe son lecteur dans une alternance de chapitres à la tension croissante, qui entraine le lecteur de plus en plus vite jusqu’au grand final dont je vous tairai les termes. L’alternance des points de vue offre la possibilité de multiples « cliffhangers » dont Tchaikovsky profite sans se priver, et je ne m’en suis pas plaint.

Différence et égalité

Le rapport des araignées et des hommes m’a rappelé d’autres considérations. Une grande partie du débat au sein des humains du Gilgamesh tourne autour du statut des araignées : sont-elles des animaux apprivoisés, des créatures programmées ou bien d’authentiques êtres pensants, pairs sinon égaux aux humains ?

Il nous rappelle que les réponses à cette question ne sont pas aussi faciles que nous aimerions parfois le penser. Il a déjà été difficile (et ça l’est encore trop souvent) d’accorder à toutes les races humaines la même considération, celle dont devraient être issus des droits, des opportunités et un respect égaux. Souvent on justifie cette égalité de principe en mettant en avant le fait que « nous sommes tous humains ». Mais ces affirmations en apparence larges d’esprit peuvent être comprises autrement, comme une manière de maintenir que le respect n’est dû qu’à ceux qui nous sont semblables. Il est facile de faire mine d’accepter la différence tout en l’effaçant, en la niant.

L’extra-terrestre ou l’animal pensant nous posent la question, pour le moment théorique, des limites de nos définitions. Est-il acceptable de tuer ou maltraiter ceux qui ne sont pas humains ? N'est-ce pas un raisonnement tout aussi coupable que celui qui autrefois désignait comme résolument autres, comme des non-personnes, les populations d’autres couleurs ? Peut-on échapper à notre tendance au tribalisme, au racisme ou au spécisme ?

La source du respect que nous devons aux autres se situe sans doute ailleurs, dans une propriété commune qui transcende toutes les différences biologiques. Peut-être est-ce une propriété de tout ce qui a pris conscience de soi ; peut-être même doit-on l’accorder à tout ce qui est vivant?

Mais je m’égare, le livre dont nous discutons aujourd’hui n’a pas pour objet de disserter sur ces sujets arides, bien qu’importants.

L’Avis du Barde

Alors que le monde autour de nous ressemble de plus en plus à une anthologie de Norman Spinrad – en particulier les « Années fléaux », avec ses épidémies, son Amérique décadente et tentée par l’autoritarisme, il y a un plaisir innocent, un peu nostalgique, à se plonger dans un roman de bonne vieille SF, à regarder plus loin que les limites de notre planète, à imaginer sans peur la différence la plus radicale.

La Science-Fiction a encore des choses à nous apporter, messages d’espoir ou spéculations libératrices, surtout quand on l’écrit avec talent et intelligence. C’est le cas avec ce livre, et si vous m’avez lu jusqu’ici, il ne vous reste plus qu’à vous le procurer !

La Horde du Contrevent

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Hors de l’Histoire

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